jeudi 14 mars 2013

UNE MER DE CHAGRIN

UNE MER DE CHAGRIN
Coll. Cher Journal
Auteure : Norah McClintock
Couverture rigide verte, avec ruban signet vert
176 pages
 9 ans et +
Parution : Mars 2013

UNE MER DE CHAGRIN est le journal d'une adolescente irlandaise de 13 ans ayant vécu l'épouvantable famine en Irlande qui a poussé tant d'Irlandais à quitter leur sol natal auquel ils étaient tant attachés pour tenter d'aller mieux vivre ailleurs. La situation était catastrophique dans ce pays sous le joug de l'Angleterre où les habitants vivaient dans des masures et ne se nourrissaient que de pommes de terre lesquelles à la limite permettent de survivre à peu près en santé malgré la sous-alimentation chronique grâce à la nutrition qu'elles fournissent mais lorsque les patates ont souffert collectivement du mildiou, la population déjà affaiblis et appauvrie par les landlords anglais a dû plier bagage et s'enfermer dans des cales de bateaux.

C'est cette traversée infiniment difficile de plusieurs mois, les maladies et les morts à bord qui s'attaquaient aux plus faibles et décimait les familles avant même leur arrivée à Québec, les examens médicaux obligatoires et les séparations déchirantes à Grosse Île, la poursuite de leur vie une fois arrivés à Montréal et le prolongement de leur périple vers d'autres établissements de l'époque que raconte l'auteure sous forme de journal tout en ajoutant des données historiques et des illustrations en fin d'ouvrage.

Il s'agit donc d'un roman historique sous forme de journal intime qui saura intéresser tout particulièrement les descendants de ces centaines de milliers d'Irlandais débarqués pauvres et démunis au Québec étant donné que ce voyage coûtait moins cher, comme on le sait, que de passer directement par New York, même si leur destination ultime était les États-Unis. L'auteure se limite à l'année 1847 et ne prolonge pas le périple qui a vu les deux-tiers des irlandais orangistes protestants partir par la suite pour l'Ontario et les Irlandais catholiques s'assimiler aux Anglais protestants à Montréal afin de se rapprocher des opportunités d'affaires élitistes et par la suite s'associer en tant qu'English-Speaking Catholics dans le but de se dissocier des francophones eux aussi catholiques.

Ce journal fiction, c'est donc le début seulement de l'histoire des Irlandais en Amérique du Nord. C'est la dure réalité que vivaient les Irlandais dans leur pays d'origine, la traversée des populations affaiblies, affamées et appauvries ainsi que la première année dans leur nouveau pays, les premières expériences de travail de la jeune fille chez des bourgeois anglais.

Le livre se présente bien et les pages de la tranche ont cet aspect vieillot déchiré des très anciens livres qu'il fallait passer soi-même au coupe-papier.

EXTRAITS
 « Si c'est vrai, alors pourquoi on n'accuse pas les landlords et les marchands de voler les secours alimentaires fournis par le gouvernement britannique, destinés aux fermiers locataires d'Irlande, et de les revendre à l'étranger, alors que les Irlandais meurent de faim ? » (p. 17, 16  mai 1847)
« Je ne m'étais jamais rendu compte de toute la place que Patrick prenait dans nos vies. Il était si petit, si mignon, et toujours souriant. Maintenant qu'il est mort, notre couchette nous semble bien vide et silencieuse. Maman est dans tous ses états. » (p. 31, 10 juin 1847)
« En entendant ces mots, j'ai été choquée plus que tout. D'abord c'était un voleur et, en plus, il était irlandais! » (p. 58, 15 juillet 1847
« Je suis honteuse et heureuse tout à la fois. Je n'ai pas honte de me faire renvoyer, car je sais que je n'ai rien fait. » (p. 82, 5 août 1847
« Aussi, je ne comprends pas comment les soeurs font pour supporter la chaleur du feu, des fers à repasser et des journées d'été, habillées de leurs longues robes de laine et de leurs voiles. Dieu doit vraiment les aimer beaucoup. » (p. 91, 10 août 1847)
L'AUTEURE
La prolifique Norah McClintock est surtout connue pour ses romans policiers écrits pour la jeunesse. Elle a fait ses études à l'université McGill et vit maintenant à Toronto.

On peut se procurer ce journal fiction historique traduit de l'anglais aux éditions Scholastic, en format papier ou numérique.

Idée de tourisme pour la St-Patrick : visiter les deux massives églises catholiques situées côte à côte à Pointe-Saint-Charles, desservant chacune sa population anglophone ou francophone, les deux églises étant considérées entre elles comme le feu et l'eau dans ce quartier historique de travailleurs oeuvrant dans les usines établies le long du canal Lachine, aujourd'hui parc historique.

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